Les Algues acadiennes : La marée montante
NOTA : L'article suivant a été publié dans la version anglaise de la publication Ouverte sur le monde au cours de l'été 2005. Il a été rédigé par Tom Mason. Cet article est maintenant utilisé dans le cadre de l'initiative Où il fait bon vivre, une initiative des secteurs public et privé qui présente la Nouvelle-Écosse comme un endroit où il fait bon vivre, travailler, investir, s'amuser et visiter.
Il s'agit peut-être de la ressource de l'océan la plus omniprésente, mais elle n'a jamais reçu beaucoup de respect en Amérique du Nord. Toutefois, remarquez que l'ascophyllum nodosum, cette algue qui recouvre les plages après une tempête, n'a pas souffert de la même surexploitation qui touche la pêche de fond en Atlantique.
Une entreprise de la Nouvelle-Écosse prend grand soin de s'assurer que cela continue. Au cours des 25 dernières années, les Algues acadiennes Ltée est devenu l'un des plus importants producteurs de matériaux de plantes marines en Amérique du Nord. Ses cinq usines de transformation, réparties dans trois des provinces Maritimes, transforment le goémon en produits à valeur ajoutée tels que de l'engrais, des produits agrochimiques, des additifs pour l'alimentation animale, et même un ingrédient de salade pour le marché japonais.
« Nous croyons qu'il est important de faire ce que faisons de façon renouvelable », dit le président de l'entreprise, Jean Paul Deveau. « Nous avons dépensé beaucoup d’argent pour étudier les modèles de croissance des algues. »
Pour ce faire, l'entreprise embauche un scientifique à temps plein qui mène des études à long terme et qui publie des articles qui sont utilisés par les scientifiques et par les pays récolteurs d'algues partout au monde. « Nous sommes très fiers d'avoir la ressource marine la mieux gérée au Canada », ajoute M. Deveau.
Les Algues acadiennes fait partie d'un nouveau type d'entreprise en Nouvelle-Écosse : le type d'entreprise qui est conscient que son résultat net dépend de sa capacité de comprendre l'environnement. De plus en plus, l'entreprise change également la façon dont elle fait affaire.
Dans leur livre intitulé Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things, publié en 2002, William McDonough et Michael Braungart présente le plan d'un nouveau paradigme des affaires, dans lequel la nature et l'industrie coexistent l'une avec l'autre. La philosophie est contraire à l'ancien paradigme « du berceau au tombeau », où les produits sont utilisés, puis jetés lorsqu’ils deviennent usés.
Dans un monde « du berceau au berceau », les produits peuvent changer de forme, mais ils sont utilisés continuellement dans un cycle sans fin. M. McDonough et M. Braungart soutiennent que l'industrie n’est pas en harmonie avec l'environnement parce que le processus du design a toujours suivi la voie la plus facile, sans se préoccuper d'autres choses que la durée de vie utile d'un produit. À l'avenir, les auteurs affirment que les produits seront utilisés, recyclés et réutilisés. Dans un monde « du berceau au berceau », une usine ne fonctionne pas comme une machine qui engloutit de l'énergie et qui régurgite des produits rejetés toxiques dans l'environnement, mais plutôt comme un arbre qui s'intègre à l'environnement du point de vue organique.
Les Algues acadiennes aurait pu fournir tout un chapitre au livre de M. McDonough et de M. Braungart. Depuis son démarrage en 1981, elle a tellement bien géré sa ressource que la biomasse d’algues est demeurée complètement stable et que les 300 pêcheurs indépendants de l'entreprise récoltent moins que le taux annuel de croissance.
Les Algues acadiennes surveille la ressource de près par le biais d'inspections régulières en mer et d'exécution de directives strictes, incluant des taux modérés d'exploitation, que toutes les compagnies de pêcheurs récolteurs doivent respecter. « Pensez à un magnifique gazon », dit M. Deveau. « Si vous le tondez régulièrement, il continuera à pousser et à être magnifique, mais si vous le coupez trop court, jusqu'à la terre, vous allez le tuer. C'est la même chose pour la récolte d’algues. »
Le dévouement des Algues acadiennes envers des pratiques sans danger pour l'environnement est également évident dans d’autres secteurs de l'exploitation. Un programme novateur transforme les barils de plastique de surplus utilisés lors de la transformation des algues en contenants de recyclage pour les municipalités. À l'une des installations de l'entreprise, située à Cornwallis, dans le comté d'Annapolis, un flux de déchets a été converti en un produit d'amendement du sol vendu aux agriculteurs locaux.
Grâce à des ventes annuelles de plus de 20 millions de dollars, le résultat net des Algues acadiennes est bien solide.
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